L’incendie géant, qui a ravagé 650 ha dans les Cévennes (Gard) depuis jeudi après-midi est, selon les pompiers que nous avons contactés ce samedi en fin d’après-midi, « maitrisé », après avoir été « fixé » en début de journée. Ce qui ne veut pas dire « éteint » ! Alors que d’autres embrasements sont à craindre ces jours-ci dans le sud de la France, que signifie le jargon propre aux soldats du feu ? Le commandant Alexandre Jouassard, porte-parole de la sécurité civile, nous explique tout.
À quel moment un incendie est-il fini ?
ALEXANDRE JOUASSARD. Quand il est… éteint. C’est la dernière étape de notre intervention. Au départ du feu, quand il n’y a encore aucun moyen de le réduire, on dit qu’il est en propagation libre. Les pompiers vont alors entamer des actions pour le ralentir, l’éteindre. Il est « fixé » quand il ne progresse plus dans son axe, même si les bords peuvent encore s’écarter. Puis il est maîtrisé une fois que tous les foyers importants sont éteints, même s’il reste de petites activités, des flammes… Là, il s’agit de le circonscrire, avec des pompiers tout autour du feu. On noie alors tous les points chauds, on gratte les fumerolles, à la pelle, laborieusement. Sinon, il y aura toujours un risque de reprise. Enfin, quand il n’y a plus aucun point chaud, il est donc éteint.
Quid du feu du Gard ?
Ce samedi après-midi, il a été maîtrisé. La difficulté était que l’un des flancs est inaccessible, sans aucun chemin pour les hommes et les engins. C’est de la forêt sans aucun tracé. Alors on a utilisé des moyens aériens - dont sept Canadairs - ainsi qu’un groupe d’appui constitué de petits bulldozers qui ont tracé des pistes en urgence, notamment la nuit, pour accéder au bord inaccessible.
Quels moyens ont été déployés ?
Au plus fort du feu : 700 pompiers, dont 300 venus d’autres départements, ainsi que 225 engins. Depuis ce samedi, les colonnes de renfort ont été dispatchées ailleurs, sur d’autres zones à risques...
Parce que d’autres incendies sont à craindre ?
Bien sûr. Rien qu’hier (vendredi), on a eu 35 départs de feu dans les Bouches-du-Rhône, 30 dans le Gard - en plus de ce gros incendie. La zone qui nous inquiète le plus est située entre les Bouches-du-Rhône et le Gard d’ailleurs, sur un axe Marseille - Gard. Le Mistral s’engouffre dans ce couloir, d’autant qu’on n’attend pas de pluie et que le secteur est très très sec. Notre vigilance est très forte.
Quels conseils faut-il donner aux usagers ?
Appliquer les règles locales données par la préfecture : puis-je me déplacer ? Dois-je être confiné chez moi ? Et puis, évidemment, ne pas faire n’importe quoi. Sur les 30 derniers départs de feu dans le Gard, la plupart sont liés à des erreurs humaines. Par exemple, un gars qui nous appelle et nous dit : J’ai sorti la meuleuse dans mon jardin, ça a fait des étincelles, il y a un incendie… Idem avec les barbecues. Et évidemment, le fléau des mégots jetés par les automobilistes. C’est la réalité des 48 dernières heures.
Feu «fixé», «maîtrisé», «éteint» : alors qu’un incendie a ravagé le Gard, que signifie le jargon des pompiers ? - Le Parisien
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