Alors que le patron de la SNCF Jean-Pierre Farandou a évalué il y a une dizaine de jours le besoin d'investissement dans le ferroviaire à environ 100 milliards d'euros supplémentaires sur 15 ans afin de contribuer à la décarbonation des transports en doublant la part du train, le ministre délégué aux Transports Clément Beaune a déclaré, dans une interview au Journal du dimanche, que « le réseau ferroviaire a été négligé ces trente dernières années et que sa « priorité budgétaire » serait « d'amplifier l'effort fait depuis cinq ans ». L'enveloppe de 3 milliards d'euros actuellement consacrée à l'entretien du réseau est insuffisante, reconnaît-il.
« L'une de mes priorités, dès la rentrée, est de réfléchir avec SNCF Réseau à d'éventuelles solutions ou moyens complémentaires. Nous allons mettre en place, à partir d'une programmation sur plusieurs années, une évaluation précise des besoins, et des priorités pour moderniser notre réseau », a précisé le ministre. Et d'ajouter :
« Ce serait malhonnête de dire que l'on pourra faire dans le même temps de la grande vitesse, de la régénération, du soutien aux petites lignes, sans séquencer ou prioriser ».
Pour l'instant, le contrat de performance de SNCF Réseau -qui vient d'être signé- est largement jugé insuffisant, car contrarié par l'inflation et oubliant la modernisation des infrastructures.
Priorité aux transports du quotidien
Concernant la grande vitesse, alors que Jean Castex a relancé le projet de LGV vers le sud-ouest pour notamment relier Paris à Toulouse en 3 heures de train, Clément Beaune estime que le TGV n'est « pas dépassé ». « On peut avoir recours à des solutions de financement innovantes pour les nouveaux projets en mettant autour de la table tous les partenaires, Etat, collectivités, Europe, sociétés de projet, et en mobilisant des ressources fiscales locales », rappelle-t-il.
Mais, à l'instar de ces prédécesseurs depuis une dizaine d'années, « les transports du quotidien, souvent métropolitains, comme le Transilien en région parisienne, restent notre priorité car les améliorer a un impact direct sur la vie des gens », ajoute-t-il. « Mon objectif est clair : améliorer les transports du quotidien et accélérer la transition écologique. »
La SNCF veut des RER métropolitains dans les 13 grandes villes françaises
Dans son évaluation des besoins d'investissement, Jean-Pierre Farrandou a notamment insisté sur l'idée de créer des RER métropolitains dans 13 grandes villes françaises ou encore sur la nécessité de doubler la part du fret ferroviaire dans le transport de marchandises. Autre sujet important à ses yeux : la modernisation de la signalisation avec un investissement massif dans des systèmes de commande centralisée afin de réduire le nombre de postes d'aiguillage. Enfin, le patron de la SNCF invite aussi à poursuivre la construction de nouvelles lignes à grande vitesse. L'ensemble représenterait un effort de 100 milliards d'euros supplémentaires sur 15 ans, pour lequel l'Etat pourrait contribuer à hauteur de 50%, a-t-il assuré, précisant que l'objectif final était de faire passer la part modale du ferroviaire dans les transports de 10 à 20%.
Ne pas oublier la route, essentielle pour« pour désenclaver les territoires » (Castex)
L'ancien Premier ministre Jean Castex, auditionné mercredi dernier à l'Assemblée nationale en tant que futur président de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFIT France), a reconnu la nécessité d'investir massivement dans le ferroviaire pour décarboner les transports, mais sans oublier la route, essentielle « pour désenclaver les territoires ».
« Tantôt on me présente comme un fervent défenseur du train, ce qui est exact et revendiqué, et tantôt comme un chaud partisan de la route. Je pense qu'il faut les deux », a assuré Jean Castex devant la commission du développement durable de l'Assemblée nationale.
S'il a validé l'intention du président de la SNCF Jean-Pierre Farandou de doubler la part modale du train dans les déplacements des Français en la faisant passer de 10 à 20%, la route reste une infrastructure essentielle à ses yeux.
« Pour désenclaver les territoires, nous devons investir dans la route », a-t-il insisté, revendiquant la relance de plusieurs projets routiers à l'arrêt depuis de nombreuses années lorsqu'il était à Matignon.
Alors que Jean-Pierre Farandou réclame 100 milliards d'investissement dans le ferroviaire sur 15 ans, Jean Castex a reconnu que les investissements pour la régénération du réseau étaient « insuffisants ». « Mais c'est quand même nettement supérieur aux dix années précédentes », a-t-il souligné.
Le député David Valence (Horizons), également président du Conseil d'orientation des infrastructures, a rappelé que la rénovation de l'intégralité des petites lignes en France coûterait 7 milliards d'euros sur dix ans. « Nous avons triplé les moyens affectés aux petites lignes », à près de 180 millions d'euros entre 2020 et 2022, a tenu à rappeler Jean Castex. « Je peux reconnaître que ces 180 millions sont insuffisants mais grâce à ça nous avons remis à niveau 1.500 km de petites lignes », a insisté l'ancien Premier ministre.
Accusé de privilégier le « tout TGV » au détriment des trains du quotidien, Jean Castex a contesté l'existence d'une politique favorisant uniquement la grande vitesse. « Allez dire aux gens de Perpignan que eux, le TGV, ils n'y ont pas droit, c'est une question d'équité territoriale », a lancé l'ancien élu de Prades (Pyrénées-Orientales) à l'attention des opposants aux futures LGV Bordeaux-Lyon ou Montpellier-Perpignan.
Ferroviaire : l'Etat réfléchit à des moyens complémentaires, alors que la SNCF demande 100 milliards d'euros - La Tribune.fr
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