Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), dont fait partie la cellule investigation de Radio France, dévoile ce dimanche une enquête en partenariat avec The Guardian sur le géant des VTC Uber. L'enquête s'appuie sur une fuite de 124.000 documents internes au géant des véhicules de transport avec chauffeur.
L'enquête a ainsi mis au jour les coulisses d'un "deal" conclu en 2014 et 2015 entre Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, et la société de VTC Uber.
A cette époque, Emmanuel Macron rencontre à plusieurs reprises le fondateur d'Uber, Travis Kalanick, ainsi que des lobbyistes de la société de VTC. Le ministre se bat alors pour assouplir la loi Thévenoud censée réglementer l'activité des VTC en France. En échange, il demande l'abandon d'UberPop, service d'Uber permettant à n'importe qui de s'improviser chauffeur pour arrondir ses fins de mois.
En plein conflit social des taxis, le futur chef de l'Etat fait preuve d'une certaine bienveillance à l'égard de Uber, ainsi qu'un "appui" de ses services en faveur de l'entreprise. L'enquête décrit aussi que Uber a transmis ses propres amendements écrits à certains députés socialistes, comme le député PS du Maine-et-Loire Luc Belot, afin qu'ils soient déposés à l'Assemblée nationale.
La méthode Uber pour s'implanter dans le monde
Au-delà du cas d'Emmanuel Macron, l'enquête de la cellule investigation de Radio France, à retrouver en intégralité sur franceinfo.fr, permet aussi de comprendre comment le géant du VTC a conquis la planète, en jouant parfois avec les frontières de la légalité.
Parmi ces "Uber Files" en effet, des emails, des échanges de SMS, des PowerPoint et toutes sortes de mémos qui permettent de détailler les méthodes qui ont été développées par Uber, en premier lieu desquelles un lobbying bien léché. On apprend que pour exercer son influence et faire modifier les règlementations en sa faveur, Uber a fait dresser une liste de plus de 1.850 fonctionnaires en exercice, anciens fonctionnaires, groupes de réflexion et groupes de citoyens dans plus de 30 pays. Dont le chef de l'Etat français, donc.
Peu à peu, la société a tissé un réseau dont faisait aussi partie le Premier ministre israélien de l'époque, Benjamin Netanyahu, le Premier ministre irlandais d’alors, Enda Kenny, et Toomas Hendrik llves qui présidait l’Estonie. Des oligarques proches du président russe Vladimir Poutine se sont vu proposer des bons de souscriptions en actions.
ENQUETE - Comment Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, a passé un "deal" avec la société Uber - France Bleu
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