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Tuesday, May 31, 2022

Guerre en Ukraine : Alors que Moscou frappe le Donbass, peut-on « envisager une victoire des Russes d’ici la… - 20 Minutes

Trois mois, 96 jours, 2.300 heures… Difficile d’imaginer que Ukraine résiste toujours à l’envahisseur russe depuis le 24 février et le lancement de « l’opération militaire spéciale » de Moscou. Difficile de croire qu’un pays de 45 millions d’habitants tienne tête, depuis près de treize semaines, à un mastodonte de trois fois sa démographie [et qui possède un budget militaire dix fois plus conséquent]. Pourtant, cette guerre en Ukraine illustre bien l’histoire du pot de terre qui fait face au pot de fer. Mais pour combien de temps ? Ces derniers jours l’étau russe se resserre autour de Kiev, plus précisément autour de la région stratégique du Donbass , et Moscou a monté d’un cran la cadence de ses attaques aériennes.

« Après trois mois de conflit un constat s’impose : le rapport de force est en effet presque à l’équilibre », affirme le général Vincent Desportes, auteur de Visez le sommet : Pour réussir, devenez stratège (Ed. Denoël​). Pour cet ancien militaire de l’armée de terre, « sur le plan des combats aucun des deux pays » n’est pourtant « assez supérieur à l’autre pour réaliser de véritables percées ». La guerre en Ukraine serait alors devenue une « guerre de grignotages » lors de laquelle chacun rend coup pour coup, petite victoire après petite victoire, sans pour autant pouvoir se proclamer vainqueur.

« Vladimir Poutine a sous-estimé toutes les strates de ce conflit »

Sans oublier que « Vladimir Poutine a sous-estimé toutes les strates de ce conflit », accuse encore le général Vincent Desportes. D’abord, le peuple ukrainien qu’il prenait pour des « petits russes », ensuite Volodymyr Zelensky qu’il voyait comme un « clown » puis l’Europe, qu’il pensait être « un amas de nations molles ». Et « mépriser son ennemi est sûrement l’une des pires erreurs stratégique en temps de guerre », conclut celui qui est également professeur de stratégie à HEC et SciencesPo.

Voilà pourquoi la Russie s’est vite retrouvée en difficultés, a dû faire face à une résistance ukrainienne sans commune mesure et peine depuis plus de trois mois à crier victoire. Voyant sa stratégie patiner, Poutine a donc changé son fusil d’épaule. Son objectif, après la prise de la ville portuaire de Marioupol, est devenu celui de conquérir  l’ensemble du Donbass. Les troupes russes y avancent sûrement et pilonnent les villes de cette région située à l’est de l’Ukraine. Mais pas assez rapidement sans doute. C’est sûrement la raison pour laquelle depuis plusieurs jours les forces armées de Vladimir Poutine tentent des percées directement par le ciel, multipliant les attaques aériennes.

La bataille des airs, clé de la victoire russe ?

Selon Michel Goya, ce n’est pourtant pas dans les airs que se trouvera la victoire de Moscou sur Kiev. « L’une des grandes surprises de cette guerre, c’est justement la faiblesse de l’aviation russe », confie l’ancien officier des troupes de marine de l’armée de terre. La flotte du Kremlin serait bel et bien moins moderne et efficace que celle envisagée par la communauté internationale ou anticipée par les forces ukrainiennes. « Les Russes ont perdu beaucoup d’avions depuis le début du conflit et sont contraints, pour éviter la casse, de voler très bas ce qui rend leurs attaques bien moins efficaces », précise encore Michel Goya.

En revanche, ce sont bien ces avions qui ont permis aux Russes de prendre possession de la ville de Popasna située à l’est du Donbass et, selon l’ancien militaire, c’est peut-être là les Russes rencontreront la victoire : « cette ville est placée sur les hauteurs et offre une vision stratégique sur toutes les régions de l’est de l’Ukraine, tant convoitées par Vladimir Poutine. » Grâce à ce positionnement, l’armée russe serait alors en mesure d’encercler une ville comme Severodonetsk, « l’une des dernières poches de résistance du Donbass, abritant un sixième de l’armée ukrainienne », selon l’historien. « Et si contrôler le Donbass signifie gagner la guerre alors il est possible d’envisager une victoire des Russes d’ici la fin de l’été », conclut-il.



Ce mardi, le gouverneur de la région de Lougansk a annoncé que les forces russes contrôlaient désormais « une partie » de Severodonetsk, qu’elles pilonnaient depuis des semaines. « La situation est ultra-compliquée », a indiqué sur Telegram Serguiï Gaïdaï. le gouverneur a toutefois précisé que les Russes « ne pouvaient pas avancer librement », des combattants ukrainiens « restant toujours » dans la ville.

Une guerre en Ukraine faite « d’attaques et reculs »

« Une guerre se termine soit par la destruction totale soit par les négociations », lâche pour sa part Vincent Desportes. Le professeur de stratégie à Sciences Po et HEC rejoint ainsi le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui a affirmé à la fin du mois de mars, lors d’une interview accordée à la télévision ukrainienne, que la guerre ne se terminerait pas sur le « champ de bataille mais sur celui des négociations ».

Seulement, au jeu des négociations, chacun doit y trouver son compte. « A ce stade, Vladimir Poutine n’a pas assez gagné de territoire pour pouvoir justifier un conflit d’une telle ampleur. De son côté, Volodymyr Zelensky doit regagner du terrain pour avoir matière à compromis », avance Vincent Desportes. Si les deux pays savent qu’il faut un consentement mutuel plutôt qu’une destruction commune, négocier ne rime pas forcément avec la fin des combats. « Pour rappel, pendant les négociations de 1973 entre les Etats-Unis et le Vietnam, les Américains ont bombardé Hanoi plus que de raison », rappelle le général. Au final, cette guerre en Ukraine est faite « d’attaques et de reculs » qui rendent difficile tout pronostic… mais qui font un beau pied de nez à la théorie du plus fort.

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