« En résumé, c’est long, c’est chiant, c’est roboratif, c’est éprouvant… et c’est la Palme d’or ! » Vendredi soir, dans « Mascarade » de Nicolas Bedos, cette tirade du personnage interprété par Charles Berling a beaucoup fait rire les spectateurs du Palais. Pour la dernière soirée avant la clôture du Festival de Cannes, ce samedi soir, les sélectionneurs avaient choisi cette comédie exubérante, dans laquelle Isabelle Adjani joue une diva déchue qui s’ennuie ferme dans sa somptueuse villa de la Côte d’Azur. Ce samedi matin, on se dit que si Berling avait résumé les atouts imparables pour décrocher la Palme d’or, le travail des journalistes serait grandement facilité.
Car, à quelques heures du palmarès de cette 75e édition, il ne reste plus qu’un enjeu avant de boucler sa valise : deviner le nom du grand gagnant. D’autant que cette fois-ci, la cérémonie de clôture ne commence qu’à 20h30, contre 19h30 les années précédentes. Une conséquence du passage de la soirée de Canal + à France 2 (la chaîne publique diffusera la remise des prix après son JT), qui ne fait pas l’affaire de la presse quotidienne, contrainte par ses horaires de bouclage… Pour cela, les années Canal, c’était quand même pratique. Plus que jamais, donc, le grand sport de cette ultime journée consiste à chasser les indices.
Le jury, présidé par Vincent Lindon, se réunit depuis ce matin dans une villa des hauteurs de Cannes tenue secrète et placée sous protection policière. La légende veut que les jurés se voient même confisquer leurs téléphones portables à leur arrivée.
Rumeurs sur la Croisette
Mais voilà : il n’y aura pas de fumée blanche au terme du conclave et, sitôt les délibérations terminées, les patrons du Festival, Thierry Frémaux et Pierre Lescure, qui assistent aux échanges, préviendront les équipes des films sélectionnés en compétition officielle. Pour doucher poliment leurs espoirs ou, au contraire, leur demander de revenir fissa recevoir leur prix, sans leur dire s’il s’agit de la Palme d’or ou de l’une des six autres récompenses. « Mes messages ne peuvent être plus laconiques : Le film n’a rien, hélas. Le film a quelque chose, l’équipe doit revenir », racontait Frémaux dans son livre « Sélection officielle », paru en 2017.
Dès lors, les journalistes appellent les protagonistes des films (et leurs proches) pour tenter de leur tirer les vers du nez. Des photographes planqués à l’aéroport de Nice balancent même quelques tuyaux : si tel réalisateur a été vu à sa descente d’avion, c’est que son long métrage a un prix, si telle actrice a atterri ce samedi, ça sent bon le Prix d’interprétation. Les informations et les rumeurs enflamment alors la Croisette et la question qu’on entend en boucle entre les marchands de glaces, la police montée et les stands de cartes postales, c’est « Alors, tu as le nom de la Palme ? ».
Mais jusqu’à 20h30, gare à l’enfumage : certains, pour faire parler d’un film, jurent qu’ils vont décrocher le pompon alors qu’ils repartiront bredouilles. La Palme du bluff sera décernée ce soir, en même tant que la Palme d’or.
Festival de Cannes : «Alors, tu as le nom de la Palme ?» - Le Parisien
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