« C’est la huitième fois que la défaite frappe le nom de Le Pen. » C’est par ces mots acerbes qu’Eric Zemmour a commenté la défaite de Marine Le Pen (41,46 % des voix) dimanche soir, quelques minutes après l’annonce des résultats du second tour de la présidentielle. Une attaque personnelle qui ne l’a pas empêché d’appeler ensuite à « oublier les querelles » et « unir les forces » du « camp national ».
Avec 7,07 % des voix lors d’un premier tour qui l’a vu, pour meilleure performance, arriver en deuxième position dans deux circonscriptions de l’Ouest parisien (et 30 points derrière Emmanuel Macron), l’ancien journaliste du « Figaro » sait qu’il a besoin d’une alliance pour espérer obtenir des députés Reconquête ! aux législatives de juin. Mais son exhortation à entamer des discussions entre son parti et le Rassemblement national (RN) ne semble pas avoir été entendue.
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Dès lundi matin, le maire de Perpignan Louis Aliot revient sur la main tendue d’Eric Zemmour sur France-Inter : « [Il doit] dégonfler sa tête, qui est énorme. » Estimant ne pas avoir « la même opinion » que lui, le vice-président du RN poursuit :
« Je ne vois pas comment il pourrait y avoir une alliance en bonne et due forme avec Reconquête ! aujourd’hui étant donné la manière dont Eric Zemmour a traité le problème. […] Il a été un homme du système toute sa vie. […] Quand on a été journaliste au “Figaro”, soutenu Chirac, qu’on a voté deux fois Mitterrand, on ne fait pas la leçon aux autres. »
Voilà qui est clair.
Opération « câlinothérapie » pour Zemmour
Une passe d’armes à laquelle, pour l’heure, Marine Le Pen ne se mêle pas directement. A l’inverse d’Eric Zemmour qui s’est adressé personnellement à elle, l’implorant d’accepter sa main tendue : « Vous avez l’occasion de mettre fin au cordon sanitaire qui stérilise les chances du camp national depuis quarante ans. Saisissez-la, pas pour nous, pour la France. Faisons-le. Ensemble », a-t-il tweeté lundi en milieu d’après-midi. Une sollicitation qui a provoqué quelques rires crispés du côté des soutiens de Marine Le Pen. Notamment Philippe Olivier, beau-frère et principal conseiller de l’ex-candidate, qui a répondu sur le même réseau : « Qui est Eric Zemmour ? Celui qui, hier, insulte gravement le nom de Marine […] ? Celui qui, aujourd’hui, fait un tweet mielleux ? »
L’opération « câlinothérapie » par les mots ne fonctionnant pas, le parti d’Eric Zemmour décide de passer aux actes. Dans la foulée, un communiqué signé des trois vice-présidents, Marion Maréchal, Nicolas Bay et Guillaume Peltier, propose aux responsables du RN une « rencontre » pour discuter d’une « coalition ». Mais ces derniers ont été échaudés par l’attaque d’Eric Zemmour, et ne voient pas grand-chose à gagner à faire des cadeaux à Reconquête ! au motif de former un « grand parti populaire » à l’Assemblée nationale.
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Un manque de volonté à négocier qui agace les zemmouristes. « Arrêtez de pleurnicher », tweete Wallerand de Saint-Just, membre du bureau exécutif et président du groupe RN Ile-de-France, en réponse à l’appel à négocier de Marion Maréchal, qui avait quitté le navire de sa tante début mars.
« Vous l’avez suivi dans des trahisons sans dignité »
Pour les membres du RN, le préalable à toute négociation repose sur la reconnaissance de Marine Le Pen comme la cheffe de file de l’opposition, étant donné la différence de poids politique avec Reconquête ! à l’issue de l’élection présidentielle – la candidate RN a en effet recueilli trois fois plus de voix au premier tour. Une condition « au nom de l’humilité », explique Jean-Lin Lacapelle, député européen du RN, qui s’est écharpé sur Twitter avec Damien Rieu, ex-RN qui a rejoint Reconquête ! en janvier. « C’est trop vous demander de faire comme “Z” au soir du premier tour et mettre de côté vos petites doléances insignifiantes pour servir la cause nationale et le peuple ? » lui répond-il.
Zemmour « a méprisé MLP depuis le mois de septembre », rétorque Jean-Lin Lacapelle, qui rappelle les « trahisons » représentées par les ralliements successifs à Zemmour de Gilbert Collard, Stéphane Ravier, Nicolas Bay et… Damien Rieu lui-même.
« Tous (et toi aussi) l’avez suivi dans des trahisons sans aucune dignité. Vous avez perdu. Et maintenant vous faites la manche comme j’ai vu Mégret et d’autres le faire avant vous… Assumez ! »
Eric Zemmour affirme en privé pouvoir aligner 577 candidats de son parti le 12 juin, selon Politico. Mais il sait que sans accord avec le RN, notamment sur l’arc méditerranéen, ses chances de faire élire des députés sont presque réduites à néant. Le député Sébastien Chenu a même déclaré sur LCI que le Rassemblement national enverrait un candidat face à Eric Zemmour s’il se présentait aux législatives. Une déclaration à laquelle Guillaume Peltier « ne peu[t] pas croire », et qui désespère également l’ex-directeur de campagne d’Eric Zemmour, le général Bertrand de La Chesnais : « Mais comment peut-on en arriver là ? » a-t-il tweeté.
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Aucune négociation prévue
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Hormis les bisbilles par médias ou réseaux sociaux interposés, aucune rencontre n’est pour l’instant prévue, et ce ne semble pas être la direction prise lors du comité stratégique du RN, lundi. Philippe Ballard, porte-parole du Rassemblement national, le rappelle :
« Marine Le Pen a été très claire, il y aura des candidats RN dans toutes les circonscriptions. Il pourra y avoir des candidats soutenus par le RN, mais aucune alliance d’aucune sorte avec des états-majors. »Eric Zemmour et Marine Le Pen ont déjà débattu ensemble à la télévision (et c’est très instructif)
Côté Reconquête !, une dernière commission d’investiture est théoriquement prévue jeudi mais « s’il faut la reporter à lundi, on n’y voit pas d’inconvénient… » a glissé un émissaire d’Eric Zemmour à Politico. Une adaptation forcée pour Reconquête ! qui se retrouve, après avoir voulu révolutionner la droite et remplacer le RN, à prendre son mal en patience pour espérer un geste de Marine Le Pen. Malgré son silence, la double finaliste présidentielle détient toujours les clés de l’extrême droite.
Désarroi chez Reconquête !, alors que Zemmour s'est mis à dos le RN pour les législatives - L'Obs
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