On l’a vu, les deux candidats ont eu des bons comme des mauvais moments, comment auraient-ils pu tendre à être parfaits ?
La perfection n’est pas de ce monde ! En revanche, ils se sont visiblement donné des objectifs et une ligne de conduite. Leur intérêt n’est pas d’être parfait, mais de susciter l’adhésion. Par ailleurs, ce format a souligné la professionnalisation des candidats. Il faut tout de même relativiser le poids d’un débat politique. Il n’a jamais fait le vote, il va seulement permettre de conforter des positions, pas de faire pencher réellement la balance.
Dans un tel débat, est-ce que la forme est aussi importante que le fond ?
Il n’y a pas de sens d’analyser la forme indépendamment de l’argumentation. Valoriser trop la forme inscrirait le débat dans de la politique spectacle. C’était un débat long, même si des sujets tels que l’écologie n’ont été qu’effleurés, avec un dispositif qui a figé les thématiques, et les interventions des candidats. Il a permis de cadrer les échanges, mais il s’est en fait révélé très désuet. Il n’a que très peu intégré les capacités d’écoute des publics, il n’était pas centré sur la réception mais sur la performance des candidats. Le risque de ce format est de ne pas motiver les personnes à la politique.
Est-ce que cela sert alors d’avoir une aussi importante médiatisation ?
La médiatisation est nécessaire, mais si le format n’est pas adapté, il peut encore plus éloigner les citoyens du débat démocratique. Ce qui est marquant dans ce caractère désuet, c’est le fait que Marine Le Pen ait montré un tweet imprimé, en total décalage avec l’usage des réseaux sociaux.
Gilles Bouleau et Léa Salamé ont paru en retrait, voire hors-champ…
Ils ont eu un rôle de passe-plat. Je ne vois pas l’intérêt d’aller chercher des journalistes, autant prendre des animateurs. Cela ne profite ni à la qualité du débat, ni à la qualité de la représentation journalistique.
De nombreux commentaires ont fait remarquer qu’Emmanuel Macron semblait arrogant…
Il était très engagé corporellement, il bougeait beaucoup, était très à l’aise. A contrario, Marine Le Pen paraissait débordée par l’agilité argumentative et, du coup, très concentrée, voire figée. Lui était dans la suffisance, dans une manifestation d’assurance, et elle, dans une insuffisance technique. Je remarque qu’ils étaient dans un scepticisme manifeste l’un envers l’autre. Mais cela fait partie du débat, une non-manifestation de leur dualité aurait été plus problématique. Ils défendent des idées opposées.
Au final, y a-t-il eu un véritable vainqueur ?
J’espère surtout que le grand vainqueur ne sera pas l’abstention. Je crains que le débat n’amène pas les abstentionnistes aux urnes.
Débat de l’entre-deux-tours : « Macron était dans la suffisance alors que Le Pen était en insuffisance technique » - Sud Ouest
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