L'heure est grave. A l'issue d'une réunion d'urgence, les 31 membres de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) ont décidé de puiser dans leurs réserves stratégiques afin de calmer les tensions sur le marché pétrolier. Au total, ils vont libérer 60 millions de barils, ce qui représente 6 jours de production russe. Avec 10 millions de barils par jour, Moscou est l'un des trois premiers producteurs au monde aux côtés des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite.
L'AIE a pris de telles mesures trois fois depuis sa création : à l'approche de la première guerre du Golfe en 1991, quand des ouragans ont ravagé les installations pétrolières dans le golfe du Mexique en 2005 et au moment de la guerre civile libyenne en 2011. Les membres ont à leur disposition 1,5 milliard de barils en stocks.
Pas de pénurie
Cette décision intervient alors que les prix du pétrole se sont envolés au-delà des 100 dollars depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie . L'AIE souhaite « envoyer un message uni et fort aux marchés pétroliers mondiaux sur le fait qu'il n'y aura pas de pénurie d'offre résultant de l'invasion russe en Ukraine », selon le communiqué. La moitié de ces hydrocarbures seront puisés dans les stocks américains.
Les craintes de pénurie sont d'autant plus fortes que l'Union européenne s'apprête à exclure sept banques russes de la messagerie interbancaire Swift . Contrairement au gaz , le pétrole se transporte plutôt facilement et ne nécessite que peu d'infrastructures. Les marchés estiment donc possible que même les banques très actives dans le pétrole soient bannies du réseau.
Le Brent au dessus des 110 dollars pour la première fois depuis 2014
Malgré cette annonce, les cours ont continué de progresser. Ce mercredi matin, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai affichait une hausse de 5,6 % et atteignait 110,87 dollars vers 03H00 GMT en Asie. Dépassant le seuil des 110 dollars pour la première fois depuis 2014. De son côté, le WTI américain s'envolait de 5,7 % à 109,22 dollars. « Les exportations russes, c'est 5 millions de barils par jour, constate Bob Yawger de Mizuho cité par Bloomberg, il est impossible de faire le poids avec les réserves stratégiques. Le marché ne peut pas se permettre de perdre les barils russes ».
Les banques de Wall Street ont toutes révisé à la hausse leurs prévisions de prix depuis le début des hostilités. Au regard de la situation militaire, le consultant OilX cité par Bloomberg juge que le baril pourrait même atteindre les 150 dollars. La flambée des prix de l'énergie alimente l'inflation dans les pays de l'OCDE et le mécontentement des populations. Le président américain Joe Biden, sous pression dans l'opinion publique, a dû puiser dans ses réserves pour adoucir la facture à la pompe, il y a quelques mois.
Ce mercredi, l'Opep et ses alliés, dont la Russie, se rencontrent pour discuter des mesures à prendre pour rééquilibrer le marché. Selon les informations de l'agence américaine, l'organisation devrait confirmer sa stratégie de hausse graduelle et lente de la production , ne permettant pas une décrue significative des prix.
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Pétrole : le Brent dépasse les 110 dollars, alors que l'AIE va puiser dans ses réserves stratégiques - Les Échos
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