« Hé oh, la gauche ! » Ce mercredi 29 décembre, Christiane Taubira signe dans Le Monde un énième appel à l’union de son camp en vue de l’élection présidentielle… et de sa probable candidature. « Nos convergences, même avec des nuances sur certains sujets et sur des méthodes, sont suffisantes pour nous permettre de gouverner ensemble cinq ans durant », rabâche l’ancienne garde des Sceaux. Comme un air de déjà-vu… et un vœu pieux compte tenu du contexte politique. De sorte qu’il est permis de penser que les vaines incantations de Christiane Taubira lui servent surtout à éviter d’endosser le costume de diviseur…
Idéalisme
Rappelons que l’union de la gauche pour 2022 fait figure, comme en 2017, de serpent de mer dans cette campagne. Dès le mois d’avril, Yannick Jadot, pas encore investi par Europe Écologie – Les Verts, rassemblait les prétendants de gauche pour une partie de poker menteur consistant à discuter de l’union de la gauche en ne voulant surtout pas qu’elle se fasse – sauf derrière soi. Plus récemment, les appels à l’unité d’Arnaud Montebourg et d’Anne Hidalgo, l’un et l’autre en mauvaise posture dans les intentions de vote, ont aussi échoué. Et que dire de celui de Sandrine Rousseau, finaliste malheureuse de la primaire écologiste, manifestement décidée à tout faire pour savonner la planche à Yannick Jadot ?
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Reste la Primaire populaire. Pour l’heure, elle compte trois candidats : le député européen Pierre Larrouturou, l’experte en santé publique Charlotte Marchandise et l’écologiste Anna Agueb-Porterie. Anne Hidalgo et Christiane Taubira pourraient s’y soumettre, Arnaud Montebourg et Fabien Roussel ne font pas partie du panel de candidats retenus. Enfin, Philippe Poutou, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot ne veulent pas entendre parler de ce processus de désignation. En tête – de la gauche – dans les sondages, le leader insoumis est convaincu de pouvoir écraser le PS et les écologistes, comme en 2017. Quant à Yannick Jadot, déjà gagnant de la primaire de son parti, il ne veut pas céder sa place après s’être effacé au profit de Benoît Hamon en 2017.
Mais il en faut plus pour éteindre l’idéalisme de Christiane Taubira. Laquelle rêve en couleur dans les colonnes du journal du soir : « Le temps est venu pour une nouvelle aventure collective au long cours. Un nouvel épisode de notre épopée humaniste. » Vous reprendrez bien une petite envolée lyrique ? Ça ne mange pas de pain, et ça fait plaisir : « Ainsi sommes-nous, égaux et solidaires, libres, fiers et volontaires, divers dans nos apparences, nos enracinements, nos lignées, nos parcours, nos bagages culturels, liés par un destin collectif qui transcende nos péripéties personnelles, conscients que se trouve là notre insondable puits d’énergie, de vitalité et de créativité », s’enflamme l’auteure de Baroque sarabande.
Pudeur
Celle qui reconnaît « une propension avérée [de la gauche] à inventer entre nous des querelles » et l’existence de « divergences sur des sujets difficiles et non sans conséquences » ne voit pourtant là aucun désaccord « insurmontable ». Et c’est avec une pudeur qu’on pourrait prendre pour de la frilosité que la probable candidate évoque « le débat sur les sources d’énergie », « notre rapport à l’Union européenne », cette dernière « appel[ant} encore des efforts pour devenir un espace de justice sociale et une puissance géopolitique » et « le bien-fondé ou la nature de rapports diplomatiques bilatéraux, et occasionnellement de positionnements multilatéraux ». Soit, bien qu’ils aient connu des variations en cinq ans, les thèmes qui divisaient déjà la gauche en 2017.
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Bien sûr, l’appel à l’union de la gauche lancée par Christiane Taubira serait plus crédible si elle n’avait pas elle-même contribué à sa division en 2002 au détriment de Lionel Jospin, avec Jean-Pierre Chevènement, Noël Mamère et Robert Hue. Il serait plus crédible, surtout, s’il n’était pas structuré comme une déclaration de candidature inavouée. Climat, santé, éducation, recherche, justice sociale, fiscalité, République, laïcité, agriculture, transports, minorités… se livrant à un vaste tour d’horizon, Christiane Taubira coche ainsi toutes les cases de cet exercice de style. Et conclut par cette formule solennelle : « Par cet engagement, il s’agit clairement de vouloir le pouvoir, pour agir, et pour rendre aux Françaises et aux Français du pouvoir sur leurs vies. » Le changement, c’est maintenant ?
Alors que revoilà la sous-préfète : Taubira plaide pour l'union de la gauche - Marianne
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