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ALIMENTATION - C’est le feu signalétique de la nourriture: le Nutri-score est étiqueté sur nos produits et guide nos achats alimentaires depuis 2017. Et il pourrait bien devenir européen. Ce mardi 19 octobre, les eurodéputés discutent d’étendre ce label à tous les pays de l’Union européenne d’ici à 2024.
Mais cet étiquetage, qui n’est aujourd’hui obligatoire dans aucun pays, n’est pas au goût de tous. L’Italie défend notamment la qualité de son parmesan, trop gras pour être noté A. En France, c’est la filière du Roquefort qui en fait tout un fromage. Le premier produit à avoir été couronné du label AOP en 1925, est affublé d’un E qui peut rebuter.
La pomme de discorde repose sur les critères d’attribution de la note. Ils sont pourtant établis sur des bases scientifiques. “Concrètement, le Nutri-score est calculé en prenant en compte les facteurs nutritionnels pour lesquels le niveau de preuve scientifique concernant l’impact sur la santé est le plus robuste, qu’il soit positif ou négatif”, assure Mathilde Touvier, directrice de l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren, Inserm/Inrae, CNAM/Université Sorbonne Paris Nord) pour The Conversation. C’est un algorithme, disponible sur le site de Santé publique France, qui analyse l’aliment pour lui attribuer une note. Ainsi, les lentilles riches en fibres et protéines sont les bonnes élèves et le beignet gras est le bonnet d’âne en matière de qualité nutritionnelle.
Cette bonne idée sur le papier atteint-elle pour autant ses résultats dans la pratique? Si le Nutri-score n’est pas obligatoire, il est maintenant très répandu dans les supermarchés français. Ce qui a permis à plusieurs équipes de chercheurs de questionner son efficacité.
Le Nutri-score change les habitudes alimentaires
Des études, comme celle de Nutri-Net santé chapeautée par Mathilde Touvier, mettent en évidence le lien entre “la consommation d’aliments mieux classés au Nutri-score et un moindre risque de survenue de différentes pathologies”.Mais il est encore trop tôt pour établir que manger plus de produits A a un impact positif sur les maladies chroniques comme le cancer ou l’obésité.
En revanche, ce qui est prouvé, c’est l’impact du Nutri-score sur nos habitudes de consommations. C’est un outil dont nous sommes familiers: “90% des Français identifient bien que le Nutri-score permet de qualifier la qualité nutritionnelle des produits”, relève le site de Santé publique France. De plus, une part de plus en plus importante de Français change ses habitudes de consommation grâce au Nutri-score: ils étaient 57 % en 2020 contre 43% en 2019. Un constat appuyé par une étude du cabinet Nielsen: en 2019, les ventes des produits A ont augmenté de 1% en 2019 et celles des C a diminué de 1,1%. Cette plus forte appétence pour les produits les mieux notés a une conséquence indirecte sur l’offre. Les entreprises s’adaptent aux nouvelles attentes et proposent des produits moins sucrés par exemple.
Ce qui peut expliquer la prolifération des produits à base d’édulcorants dans les rayons. Lorsque ce “faux sucre” remplace le vrai, la note des aliments grimpe: un soda normal est puni d’un E tandis qu’un soda zéro (sucre) est auréolé d’un B. Problème: si le sucre est un ennemi bien identifié, l’impact des édulcorants sur la santé est encore mal connu. Des études scientifiques sur la dangerosité des édulcorants pourraient aboutir à changer le score des aliments “zéro”. Le Nutri-score est donc un outil efficace pour définir l’impact santé d’un aliment, mais il reste perfectible. Et surtout il n’est pas le seul guide d’achat d’un produit alimentaire. Les labels de qualité (AOP, AOC) ou encore l’impact environnemental sont autant d’indicateurs pris en compte par le consommateur.
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