Un bon détective privé doit toujours s’armer de patience. Une qualité que doivent aussi avoir les nombreux fans de « Blacksad », série de la bande dessinée animalière et policière aujourd’hui considérée comme un classique. Il leur aura fallu attendre huit ans pour retrouver les aventures de ce matou en costard aux allures de Philip Marlowe, le héros de Chandler. Mais ça y est : John, pour les intimes, est bel et bien de retour, avec « Alors, tout tombe », tome 6 de la saga, qui sort ce 1er octobre chez Dargaud, et les méchants n’ont qu’à bien se tenir.
Débarqué en 2000 sous la plume de deux auteurs espagnols hyperdoués venus du cinéma d’animation, Juan Diaz Canales (scénario) et Juanjo Guarnido (dessin), le chat détective qui arpente les ruelles sombres du New York des années 1950 s’est forgé un solide public : les cinq premiers tomes, traduits en vingt-sept langues, se sont écoulés à 3 millions d’exemplaires dans le monde. Ses aventures sont déclinées en jeu vidéo et jeu de rôles, alors qu’un projet de long-métrage est toujours dans les tuyaux.
Le secret de cette réussite : le « zoomorphisme », sans doute, chaque personnage prenant la forme d’un animal. Mais aussi l’extraordinaire talent de dessinateur Guarnido et des scénarios dignes des meilleurs polars. « Nous sommes toujours étonnés de ce succès, commente Juanjo Guarnido. C’est toujours difficile à expliquer. Peut-être avons-nous réussi à créer une sorte de Disney pour adultes. »
Mélodie en sous-sol
Ce nouvel épisode s’apparente d’ailleurs à une mélodie en sous-sol. C’est dans les entrailles du métro que va se plonger John Blacksad pour enquêter, à la demande de Kenneth Clarke (une chauve-souris), président du syndicat des travailleurs du métro, poursuivi par un tueur de la mafia. Derrière cette menace, Solomon (un aigle), roi bâtisseur des buildings de la ville et qui préfère les autoroutes aux souterrains…
Comme d’habitude, on se régale de cette intrigue sur fond de critique sociale, tout comme des ambiances lourdes et suintantes sorties des pinceaux de Guarnido. Au point d’avoir envie de râler d’avoir été privé de ces petits plaisirs aussi longtemps. « Je sais. Mais dans la vie vous pensez parfois faire juste un léger détour et vous vous embarquez finalement pour un long voyage, explique le dessinateur. J’ai passé beaucoup beaucoup de temps à faire un clip d’animation pour un groupe de heavy metal. Ensuite, j’ai travaillé avec Alain Ayroles sur le merveilleux projet des Indes fourbes (album couvert de prix et Étoile du Parisien 2019). Six ans étaient passés et il a fallu deux ans pour ce nouveau Blacksad ».
Reste à espérer qu’il ne faudra pas attendre aussi longtemps pour l’album suivant, d’autant que pour la première fois, le sixième est une histoire à suivre. « Nous avions envie de développer une histoire plus longue, confie Juanjo Guarnido. Ne vous inquiétez pas. Même si j’ai aussi un nouveau projet d’album avec Alain Ayroles et que j’ai envie de continuer à alterner, nous avons déjà avancé sur le tome 7 et il devrait sortir en 2023 ». C’est tant mieux. Parce qu’on veut bien être patients, mais pas au point de se transformer en tortue…
LA NOTE DE LA RÉDACTION : 4/5
« Blacksad. Tome 6. Alors, tout tombe. Première partie », de Juan Diaz Canales et Juanjo Guarnido, Ed. Dargaud, 60 pages, 15 euros
«Alors, tout tombe» : après 8 ans d’absence, «Blacksad», la série BD culte, signe son grand retour - Le Parisien
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