La cour d'assises de l'Hérault juge Catherine Masclaux, 51 ans, pour "meurtre sur personne vulnérable".
Cette Montpelliéraine est accusée d'avoir tué avec un haltère André Alexanko, 91 ans, le 10 décembre 2018. Elle connaissait la victime depuis 30 ans, elle était son amie et sa maîtresse et l'aidait dans les tâches du quotidien. Ce jeudi, elle doit expliquer les raisons de ce déchaînement de violence.
- 19 h : "J'avais besoin d'argent pour payer le marabout"
Quelle est la vraie raison de l'altercation puis du déchaînement de violence de Catherine Masclaux sur André Alexanko ? L'accusée affirme qu'il était jaloux de son ex-compagnon Michel et "qu'il voulait faire des choses sexuelles et il me demandait de le rembourser", assure la quinquagénaire.
"Mais, devant le juge, vous avez dit que la dispute était liée à des affaires d'argent, pas pour des histoires sexuelles !", lui rappelle la présidente. "Et vous avez récupéré des chèques sur la victime..."
"Je cherchais les chèques car ça aurait été une preuve pour les enquêteurs, j'avais peur d'aller en prison", répond-elle maladroitement.
Vous pensez à tout madame, vous effacez toutes les traces
"Vous pensez à tout Madame, vous effacez toutes les traces, vous prenez les chèques et le lendemain vous avez appelé sur le téléphone de la victime !", rappelle la cour d'assises. Sans compter que l'accusée avait falsifié plusieurs chèques du défunt avant sa mort.
"J'avais besoin d'argent pour payer le marabout et retrouver Michel", répond celle qui a dépensé 500 € "pour des travaux occultes". Soit un sacrifice d'un animal en Afrique via le marabout ou encore des poupées Vaudou contre Georgette, la sœur de Michel accusée d'avoir brisé son couple. Chez Catherine Masclaux, un autel a d'ailleurs été retrouvé avec la photo de Michel entourée de bougies et d'encens : "C'était pour désenvoûter Michel et lui enlever le mal qu'avait fait Georgette" répond avec assurance l'accusée.
"Mais pourquoi appelez-vous Annie, la voyante, le jour même du crime, après ce qu'il s'est passé chez la victime ? La morale n'a rien à faire devant une cour d'assises mais quand même !", tonne la présidente.
"Annie faisait un travail de magie pour récupérer Michel, c'était une obsession, Michel, j'aurais fait n'importe quoi pour le récupérer."
- 17 h 30. "Vous vous êtes assise sur lui pour continuer à frapper"
Devant la cour d'assises de l'Hérault, Catherine Masclaux est interrogée par la présidente Anne Haye. Elle revient sur ce macabre 10 décembre 2018 quand André Alexanko meurt sous les coups d'haltère. "Vous l'avez frappé à combien de reprises ?" attaque la magistrate. "J'ai pas compté les coups, j'étais comme une folle..." .
"Vous l'avez frappé à terre ?"."Non je pense pas... Quand j'ai vu le sang, j'ai réalisé..."
"Comment expliquez-vous les 17 coups relevés par le légiste ? C'est énorme".
"Je ne peux pas vous dire... C'est comme si c'était flouté dans mon cerveau..."
"C'est catastrophique ce que vous nous dites".
"Mais il faut de la force... Ces haltères font 1,250 kg d'un côté et 1,250 kg de l'autre..." insiste la présidente.
"Sûrement oui... J'ai pas maîtrisé ma force, mon cerveau".
"Il a des lésions de défense, comment l'expliquez-vous ?".
"Je voyais son ombre et c'est tout, je m'en souviens pas".
"Et les coups derrière la tête, l'expert a exclu formellement la chute, comment les expliquez-vous ?"
"Il se cognait tout le temps..."
"Madame c'est catastrophique ce que vous nous dites..."
"Vous l'avez frappé à terre ?"
"Je pense pas..."
"Comment expliquez-vous les fractures de côte ?"
"Je ne me l'explique pas".
"ça laisse penser que vous vous êtes assise sur lui pour continuer à frapper à la tête".
"Je me souviens juste de cette force morbide, cette violence macabre que j'avais...Jamais de ma vie j'aurais pensé faire une chose pareille, je voulais pas le tuer..."
"L'haltère n'a pas rebondi 17 fois sur sa tête, il y a 17 coups Madame, pas un".
- 16 h 30. "Il m'a dit que j'étais incapable de faire une bonne fellation"
"Madame Masclaux, dites-nous votre version des faits" ordonne la présidente Haye.
"Ce jour-là c'était l'anniversaire de Michel (son ancien compagnon NDLR). Il a accepté de manger avec moi, j'étais euphorique, c'était mon Dieu, j'ai bu du vin, j'étais sous antidépresseur. Ensuite, je me suis rendu chez André pour l'amener chez le dentiste, j'étais en retard et ça ne s'est pas bien passé, je lui ai dit que j'avais mangé avec Michel, il était au courant de mes déboires amoureux. Il s'est énervé, André j'étais son petit trésor, quelque part je lui appartenais. Il me disait que je perdais mon temps, je lui ai dit que j'étais amoureuse, il m'a dit que j'étais une bonne à rien, incapable, que c'était normal qu'il me rejette, je me suis emportée" rapporte l'accusée.
Elle poursuit. "Il m'a dit : "pour la peine, tu me feras une fellation", quand je lui faisais il était jamais satisfait.. Il a dit que j'étais incapable de lui faire une bonne fellation. Je lui ai dit : "j'en ai marre... J'en ai marre" lance-t-elle en haussant le ton.
"J'ai repris conscience avec l'odeur du sang"
L'accusée continue ensuite son récit. "Il y a eu une altercation, il m'a donné une gifle, mes lunettes sont tombées, quand je me suis baissée pour les ramasser, j'ai vu les haltères. La gifle m'a énervé, ça m'a rendu dingue, j'ai vrillé, j'ai pété un câble. J'ai senti comme une impulsion, une force inexplicable et je lui ai tapé à la tête".
"J'ai repris conscience avec l'odeur du sang, en voyant le sang sur mes mains, j'ai eu peur... Qu'est-ce que j'ai fait ? Je suis allé me laver les mains, André était par terre, il bougeait pas, je suis allée voir s'il respirait, il n'y avait pas de souffle, pas de pouls, j'ai réalisé là qu'il était mort".
- À 15 h : "C'est horrible d'être tué par son amie"
La famille d'André Alexanko continue de déposer à la barre. L'une des filles de l'ancien ferronnier écrase une larme en évoquant son père et Catherine Masclaux, l'accusée.
"Il m'a parlé d'elle comme d'une personne agréable, gentille, qui l'aimait. Je trouvais ça bizarre qu'elle s'intéresse à quelqu'un d'âgé, mais c'était une amie. Après, elle ne revenait le voir que quand elle avait une déception amoureuse. Mais bon, j'étais contente qu'il soit accompagné par quelqu'un d'aimant. Il pensait que c'était son amie, il y a une énorme trahison dans cette histoire, c'est horrible d'être tué, d'être assassiné par son amie... Elle l'a laissé agoniser", lance-t-elle la voix brisée par l'émotion. Après la mort, alors que le coupable n'est pas encore identifié, elle appelle Catherine : "Je lui ai laissé un message pour lui dire qu'il y avait l'enterrement et qu'elle était la bienvenue, on croyait en sa sincérité... Elle n'a jamais rappelé".
- À midi : "On le tue, on le dépouille"
Face à la cour d'assises de l'Hérault qui juge Catherine Masclaux, 51 ans, pour le meurtre de son ami et amant par intermittence depuis 30 ans, André Alexanko, 91 ans, en décembre 2018 à Montpellier, les enfants de la victime évoquent la mémoire de leur père. Et ses relations avec l'accusée.
"Cathie, j'en ai entendu parler pendant 30 ans, une phrase me revient, il disait toujours "ça me fait du bien quand je la prends dans mes bras", rapporte l'un des fils.
Qui s'est pourtant étonné quand la mise en cause, qui avait pris ses distances, a renoué avec son père courant 2018 alors que celui-ci était diminué par un AVC et des problèmes de vue.
"Je trouvais ça bizarre, mon père était dans le creux de la vague, j'ai mieux compris quand j'ai su qu'elle avait falsifié des chèques", poursuit celui qui avait accompagné André Alexanko retirer 1 600 € à la Poste juste avant le drame.
"Cette histoire d'argent contre du sexe, non, il voulait juste de l'affection. Le jour de sa mort, il était prêt à sortir de la maison pour aller chez le dentiste, pas à demander une fellation !", tonne la fille du défunt.
Elle répond à la version livrée par Catherine Masclaux, pendant l'enquête, selon laquelle le nonagénaire lui aurait intimé l'ordre de lui faire une gâterie sous peine de lui reprendre l'argent qu'il lui avait prêté. Ce qui aurait provoqué le début de la dispute fatale.
"Il possédait un sextoy comme des dizaines de milliers de personnes"
"Mon père s’est retrouvé agonisant et il s'est fait dépouiller, on le tue, on le dépouille et en attendant qu'il meure, on fait le ménage" dénonce la fille de la victime.
Me Mousset, partie civile, questionne la famille, sur le fait de savoir si André Alexanko utilisait bien un sextoy comme l'affirmait l'accusée.
"Le sextoy s'est banalisé, moi j'en vendais sur internet, il en possédait un comme des dizaines de milliers de personnes" indique un des fils.
- 9 h 30 : "Elle nettoie le sang alors qu'il était encore vivant"
"Il y a 17 plaies en région frontale, des plaies dans la bouche, dans les oreilles, des fractures de côte, des lésions évocatrices de l'action d'un tiers".
Aux assises de l'Hérault, le Dr Hammani, médecin légiste évoque la mort d'André Alexanko, 91 ans retrouvé mort dans son appartement, à Montpellier, le 10 décembre 2018. Verdict ce vendredi 10 septembre.
Elle reconnaît avoir porté des coups avec un haltère
Le nonagénaire a été massacré et Catherine Masclaux, 51 ans, celle qui le connaissait depuis 30 ans, qui était son amie, son amante et qui l'aidait dans ses tâches quotidiennes, reste impassible dans le box. Elle a reconnu avoir porté des coups avec un haltère.
"On ne peut pas déterminer l'ordre des coups, on peut supposer qu'il en a pris derrière le crâne, qu'il s'est tourné et en a pris d'autres devant, c'est une hypothèse" poursuit la légiste.
"Mais 17 coups, ça demande du temps pour les porter, un seul a-t-il pu causer plusieurs blessures ?", questionne la présidente Haye.
"Les blessures sont distantes les unes des autres".
"Donc il y a 17 coups portés ?", enchaîne l'avocat général Mondon.
"A priori oui, mais il n'y a pas lésion létale, une hémorragie a conduit à une défaillance cardiaque et au décès".
"L'enquête a montré et elle a reconnu avoir tenté de nettoyer les lieux, effacer les traces de sang, pendant ce temps, il est encore vivant" dénonce le représentant de l'accusation.
"Oui, je pense qu'on peut l'affirmer".
"Dix-sept coups, ce n'est pas pour blesser... Quelle force faut-il pour provoquer ces blessures ?" questionne à son tour Me Mousset, partie civile.
"Avec ce poids d'1,5 kg, ça demande une certaine force, importante", répond l'experte.
Dans le box, l'accusée reconnaît l'haltère avec lequel elle a frappé et que la cour expose aux jurés. Elle avait ensuite jeté l'arme du crime dans une rivière.
Nonagénaire massacré à coups d'haltère à Montpellier : "J'avais besoin d'argent pour payer le marabout" - Midi Libre
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