Pour être sincère, on aurait préféré que l’idée surgisse d’un autre esprit que celui d’Arsène Wenger. Non pas parce qu’il est Alsacien et l’un des plus grands ambassadeurs de l’histoire du football de notre région, mais davantage parce qu’il est un être de raison, un homme d’ordinaire posé, modéré et réfléchi, fuyant toujours les effets de mode et redoutant souvent le sens du vent.
Hélas, c’est bien lui, l’actuel directeur du Développement du football mondial, qui a annoncé ce vendredi dans les colonnes du quotidien L’Équipe qu’il souhaitait la tenue d’une Coupe du monde tous les deux ans, et des championnats continentaux tous les deux ans aussi. Autrement dit, une grande compétition internationale chaque année.
Parce que vous êtes des lecteurs de L’Alsace et donc forcément des personnes pourvues d’une grande sagacité, vous aurez évidemment saisi ce qui motive nos chèr$s têt$s pensant$s de la FIFA. Plus de grandes compétitions = plus de tournois, plus de pays qualifiés, plus de droits télé, plus de sponsors et plus de pépettes.
Et l’amoureux du foot, dans tout ça, nous direz-vous ? Eh bien il n’aura qu’à arrêter d’être un romantique à la mords-moi le nœud, de se prendre pour l’un de ces grands penseurs persuadés qu’il n’y a rien de plus délicieux que l’attente et qu’il n’est de plus grand luxe que la rareté. Quand il aura fini de dégoiser sa philosophie de comptoir sur sa page Facebook, alors il consommera gentiment ce qu’on lui donnera à consommer. Sans oublier évidemment d’acheter le ballon « France-2027 », le mug « Papouasie-2028 » et de s’abonner à deux ou trois chaînes supplémentaires pour être bien certain de ne rater aucun match. Enfin, parce que son couple finira inexorablement par battre de l’aile à force de passer tous ses étés devant la télé, il n’aura qu’à divorcer. Mais là, on s’égare.
Vous nous sentez agacé, peut-être ? Juste un doigt alors. Parce qu’on aurait vraiment aimé qu’Arsène Wenger réalise le danger que représente la banalisation de l’exceptionnel. Qu’il se souvienne aussi du temps où il était lui-même entraîneur et qu’il se plaignait des cadences infernales imposées aux joueurs. Qu’il sache enfin que la seule et unique raison qui nous fait saliver devant un Pérou - Corée du Sud en Coupe du monde, c’est d’avoir attendu quatre ans.
Humeur | Eh ben alors, Arsène ? - L'Alsace.fr
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