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Wednesday, July 21, 2021

Gens du voyage : « On dérange alors on nous cache » - Le Télégramme

Dimanche d’été. Le soleil tape sur le bitume. Tony (*) est posé dans un siège, à l’ombre, contre sa caravane stationnée dans l’aire d’accueil des gens du voyage au Gaillec, entre Lorient et Ploemeur. Le site est calme. Sa femme et ses enfants vadrouillent. « Tout le monde est parti à la plage », sourit-il. Un train rompt le silence.

« Lorient Agglo nous propose n’importe quoi »

« J’ai 48 ans, et en autant de temps, on ne nous a jamais donné une belle place. C’est toujours derrière une déchèterie ou une station d’épuration, en sortie de ville. Les gens du voyage dérangent, alors on nous cache ». Tony se satisfait de l’aire du Gaillec, faute de mieux. Il pointe le goudron brûlant : « On n’a pas le choix. Le bitume, c’est bien pour l’hiver et y passer six à huit mois dans l’année. On demande juste un terrain avec de l’herbe pour l’été… »

Celui mis à disposition à la Cardonnière, à Lorient, reste vide. « Il n’est pas du tout convenable. C’est un terrain à vaches. Quand il pleut, on est dans la boue ; quand il fait beau, on est dans la poussière ». Fin mai, le terrain était prêt mais Laurent (*) et sa famille avaient préféré s’installer illégalement dans l’herbe haute du centre funéraire de Kerlétu. « Il faut bien qu’on vive aussi. Pour rester dans la loi, Lorient Agglo nous propose n’importe quoi. S’installer dans un champ de blé ? C’est impossible ! »

Le terrain estival de la Cardonnière, dans la zone de Kerulvé à Lorient, fait chou blanc.
Le terrain estival de la Cardonnière, dans la zone de Kerulvé à Lorient, fait chou blanc. (Le Télégramme/Cyril Bottollier-Lemallaz)

Tony entend les reproches de certains riverains, sur l’hygiène notamment : « L’agglo a ouvert le terrain d’Hennebont. Mais il n’y a pas de toilettes dessus, alors les jeunes partent dans les buissons. Il y a parfois un seul robinet et une prise électrique pour 300 caravanes ! » Il déplore la mauvaise image dont souffre sa communauté : « On est toujours vus comme des voleurs de poules alors qu’aujourd’hui, on gagne notre vie ». L’artisan aimerait que cela change, « sans demander l’impossible » : « On se sent exclus de la société. Pourtant, avant d’être des gens du voyage, on est Français et Bretons ».

On se sent exclu de la société. Pourtant, avant d’être des gens du voyage, on est Français et Bretons

« C’est notre vie. On aime ça »

« C’est notre vie. On aime ça. C’est plus agréable de sortir de sa caravane que de nous retrouver dans des quartiers HLM ». Ce mode de vie lui permet de travailler avec ses clients habituels, sur la côte morbihannaise, mais aussi de prospecter partout en France. « J’ai six enfants, tous nés à Lorient, dont deux encore à charge. Ils sont scolarisés à distance ». Depuis quelques mois, il s’est davantage sédentarisé, à cause de la crise sanitaire. « On essaye de communiquer avec les mairies pour s’installer, mais c’est un dialogue de sourds ». Alors parfois, les membres de la communauté s’imposent : « Une fois qu’on est installé, ils n’ont pas le choix. Si on demande, c’est toujours refusé ».

* Prénoms d’emprunt

"Si on pouvait casser le muret pour installer nos caravanes dans l'herbe l'été, ce serait bien", estime Tony (*), l'un des membres de la communuaté.
« Si on pouvait casser le muret pour installer nos caravanes dans l’herbe l’été, ce serait bien », estime Tony (*), l’un des membres de la communauté. (Le Télégramme/Cyril Bottollier-Lemallaz)

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