Mélody Larcher: « Je suis la cancéreuse 4.0. Oui et alors? »
Mélody Larcher est un exemple pour tous. Depuis sept ans, elle est atteinte de plusieurs cancers. Elle a créé son association. Témoignage poignant d'une femme au sourire communicatif.
De quoi souffrez-vous?
Mélody Larcher: Je souffre d'un cancer métastasique dans les os. Tant qu'il ne se diffuse pas dans mes organes, je peux vivre. À 25 ans (le 6 juin, elle aura 33 ans), j'ai eu un cancer des deux seins. Je n'aurai jamais d'enfants, je suis ménopausée. On m'a fait l'ablation complète de la poitrine. J'ai subi onze opérations. J'ai beaucoup de cicatrices. J'ai dépassé les 400 chimios à l'aise. En janvier, j'ai commencé un nouveau traitement. Mon corps ne supporte aucune hormone. Et pour ce traitement, j'étais éligible. Je suis la seule à le suivre sur Poitiers. Tous les jours, je prends 100 mg de morphine toutes les heures. Je galope comme j'ai jamais galopé de ma vie (rires).
Est-ce qu'on se dit: pourquoi moi?
Oui et non. Je suis issue d'une famille de cancéreux. Ma mère a eu le cancer à l'âge de 36 ans, mon père aussi en 2009. Et puis, je vivais une vie décousue: coiffeuse le jour, barmaid la nuit. Ce n'était pas une vie. Il n'y a pas de hasard.
« Je suis devenue l'influenceuse
du cancer »
Quand ça m'est arrivée, je me suis dit que c'était mon tour. Ma mère était effondrée. Je lui ai dit que j'allais me battre. Et que j'allais y arriver. J'ai toujours fait preuve de caractère. Dès mes 14 ans, je travaillais. J'ai eu mon premier appart à 15 ans. À 23 ans, je dirigeais six filles dans un salon de coiffure.
Cette maladie a-t-elle été un déclic dans votre vie?
Oui (il vient du coeur). Quand j'étais coiffeuse, il y avait ce côté superficiel. Et là, à 25 ans, on t'enlève toute ta féminité. Ta belle poitrine généreuse, tes cheveux. J'ai tout perdu. C'était dur. Tu te dis que tu ressembles à un mannequin de vitrine. Mais qu'est ce qui fait ma force? Ce n'est pas mon physique. Même si j'ai beaucoup pleuré. Certains traitements te mettent à terre. En 2014, je ne pesais plus que 40 kg. Quand on t'enlève tous tes artifices, tu es bien obligé de penser à toi. Ou sinon j'allais crever. Mais j'ai toujours su rebondir et croire en ma bonne étoile.
Gardez-vous toujours cette bonne humeur?
Ce n'est pas parce que tu es une petite cancéreuse que tu ne peux pas vivre comme tout le monde. Tous les matins, je me réveille avec la patate. Tu sais que ça peut être ton dernier jour. Aujourd'hui, tu n'as plus une grippe, tu as le cancer. C'est commun. Les tabous existent encore. Beaucoup n'osent pas le dire. Moi, je suis la cancéreuse 4.0. Oui et alors? On peut vivre et sortir avec le cancer. Quand je viens faire ma chimio, je mets l'ambiance à l'hôpital. L'ambiance est toujours triste. Je veux apporter de l'espoir.
Comment vivez-vous cette incertitude permanente?
Je la vis plutôt bien. Je sais que cette maladie est incurable. Si demain, mon traitement ne marche plus... Je peux mourir. Du jour au lendemain. Je suis sous chimiothérapie à vie. Et donc j'ai envie que chaque journée soit belle. Même si il y a des jours qui sont gnangnan. Certains jours, je suis dans mon petit mobil-home de 20 m² dans le jardin de mes parents. Je me fais chier (rires). Mais j'ai toujours pleins de choses à faire. Je ne m'ennuie jamais. Beaucoup de personnes malades m'écrivent tous les jours. Je leur réponds toujours.
Vous avez fait une vidéo sur Brut. Elle a été vue trois millions de fois. C'est fou, non?
Oui, je ne m'y attendais pas. Je n'étais pas là pour me vendre moi mais le pull (1) de Catherine, la créatrice. Elle m'a choisie car je commence à avoir une petite notoriété sur les réseaux (1.300 j'aime sur Facebook, 2.500 abonnés sur Instagram). Cette vidéo lui a déclenché énormément de ventes. Et moi derrière, j'ai pu parler de mon association.
Justement, vous avez créé votre association L'art rose il y a un an et demi. Pourquoi?
Ça faisait six ans que je ne bossais pas. Je voulais m'investir. Un jour, je me suis lancée dans la peinture. Ma mère était fan. J'ai vendu mes toiles. En un an, avec les goodies que j'ai confectionné, j'ai récolté 10.000€.
J'ai aussi signé des partenariats avec des entreprises locales. Certains malades peuvent bénéficier de la pose de cils et sourcils. D'autres peuvent profiter d'un massage ou de tatouage aréole mammaire. J'aimerais signer d'autres partenariats.
Par ailleurs, grâce à l'argent récolté, j'ai créé des box pour les cancéreux. Beaucoup de marques m'ont parrainé car je leur fais beaucoup de pubs sur les réseaux. Et pourtant, je ne leur ai rien demandé. Je suis devenue l'influenceuse du cancer. Je donne les box. On y retrouve des produits bien-être que je n'ai pas eus lors de mes différents traitements ou chimios. Les 50 box seront données gratuitement aux cancéreux du CHU de Poitiers. Ma seule « raison de vivre », c'est d'aider les autres.
On sent que votre association vous tient à coeur.
Oui, je n'ai que ça. Je ne pourrai plus retravailler. Je suis en pension d'invalidité deuxième catégorie. Je fais tout ça avec le coeur. Je suis actrice de ma propre vie.
Facebook: L'ART ROSE. Linkedin: Mélody Larcher. Instagram: la _ galerie _ de _ dody _. Site internet: l'art rose.
(1) Le pull de chez Hôpti'soins s'ouvre sur les côtés pour pouvoir accéder au cathéter sans se déshabiller devant le corps médical.
Mélody Larcher: « Je suis la cancéreuse 4.0. Oui et alors? » - Centre Presse
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