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Sunday, April 11, 2021

Les Anglais endeuillés alors qu’ils se préparaient à fêter le déconfinement - Le Figaro

La mort du prince Philip, survenue vendredi dernier, ternit l’atmosphère de fête qui devait marquer la deuxième étape clé du retour à la normale en Angleterre et au pays de Galles.

Depuis la publication du calendrier de déconfinement en février, les Anglais trépignent d’impatience à l’idée de boire une pinte dans leur pub de quartier ou de prendre un café en terrasse, malgré la fraîcheur printanière. Le jour est gravé de longue date dans presque tous les esprits et, à l’approche du D-Day, nombre de restaurants, coiffeurs et autres commerces non essentiels ont effectué des travaux de peinture pour attirer des consommateurs qui ont perdu l’habitude de sortir et de dépenser ailleurs que sur internet. Mais la mort du prince Philip, survenue vendredi dernier, ternit l’atmosphère de fête qui devait marquer la deuxième étape clé du retour à la normale en Angleterre et au pays de Galles.

Deuil national

Au lieu d’inaugurer le début d’une sortie de crise, cette semaine sera dominée par la préparation des obsèques du mari de la reine au château de Windsor. Le Royaume-Uni est officiellement en deuil jusqu’à samedi prochain inclus. Concrètement, les drapeaux sont en berne au-dessus des bâtiments officiels jusqu’à dimanche matin. Quant aux événements sportifs, libres à leurs organisateurs de les maintenir. Les sportifs sont toutefois invités par le gouvernement à porter des brassards noirs et à observer une minute de silence avant les compétitions. Certains matchs prévus samedi après-midi ont d’ores et déjà été décalés.

Soyons clairs. Tous les Britanniques ne sont pas écrasés de chagrin. Les émissions spéciales diffusées vendredi par la BBC sur plusieurs de ses chaînes ont même irrité certains téléspectateurs. Cependant, la tristesse exprimée par une partie de la population à la mort du duc d’Édimbourg - il avait été hospitalisé mi-février et s’était retiré de la vie publique depuis 2017 - est d’une ampleur inattendue. D’autant que, de son vivant, sa personnalité, réputée rugueuse, et ses remarques caustiques, voire déplacées, ne faisaient pas l’unanimité.

L’émotion suscitée par le décès du prince Philip est proportionnelle à l’inquiétude que soulève l’idée de voir Elizabeth II émotionnellement fragilisée par son veuvage à l’aube de son 95e anniversaire

Qui eût cru que, deux jours après le décès de Philip, 99 ans, Buckingham Palace serait dans l’obligation de repousser les anonymes venus déposer des fleurs devant les grilles de la demeure royale, malgré les restrictions liées au Covid-19? Idem au château de Windsor, où dimanche les grilles ont été fermées pour empêcher une trop grande affluence.

Une chose est sûre, nul n’aurait prédit que les partis politiques écossais allaient suspendre leur campagne électorale pendant le week-end, par respect pour le prince décédé, à trois semaines du renouvellement du Parlement d’Édimbourg.

La mort du duc d’Édimbourg a créé un choc dans le clan Windsor, en dépit de l’état de santé dégradé de Philip depuis de longues semaines et, dimanche, le prince Charles s’est exprimé, comme son frère le prince Andrew, qui s’est fait l’écho publiquement du «grand vide» ressenti par sa mère.

«Pauvre reine»

En soi, cela n’a rien de surprenant. Le couple royal a partagé soixante-treize années de vie commune au sommet de la monarchie. Mais, outre-Manche, cette déclaration est étonnante. D’abord, parce qu’il est de bon ton de «célébrer» la vie du défunt plutôt que de le pleurer. Ensuite, parce que la famille royale, en général, et la reine, en particulier, expriment rarement leurs émotions de manière aussi personnelle.

Que va devenir la reine, privée de «(son) soutien et de (son) endurance», selon ses propres mots? L’émotion suscitée par le décès du prince Philip est proportionnelle à l’inquiétude que soulève l’idée de voir Elizabeth II émotionnellement fragilisée par son veuvage à l’aube de son 95e anniversaire. Dans le Sunday Times, l’éditorialiste India Knight avoue qu’elle «n’arrête pas de penser à la reine» et à «l’incroyable brutalité de l’absence soudaine d’une personne qui, pendant soixante-treize ans, a été presque littéralement votre moitié». Les lecteurs acquiescent. L’un d’entre eux écrit que la mort de Philip est «plus qu’un coup terrible (…), une grave blessure». Un autre ajoute: «Notre pauvre reine.»

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