Une page se tourne chez Waymo. John Krafcik, CEO de cette filiale d'Alphabet qui développe une technologie de conduite autonome, quitte la direction. Il ne coupe cependant pas tous les liens puisqu'il y officiera toujours en tant que conseiller. Il explique dans une lettre publiée le 2 avril 2021 qu'il est remplacé par Tekedra Mowakana (actuelle COO) et Dmitri Dolgov (actuel CTO), qui deviennent co-CEO.
Ils ne viennent ni l'un ni l'autre de l'industrie automobile, contrairement à John Krafcik, mais ont un profil plus technologique. Le signe que Waymo veut changer de cap après l'échec de la phase industrielle de l'ère Krafcik ? Elle consistait à implémenter la technologie de Waymo sur les voitures de constructeurs partenaires pour lancer un service commercial à grande échelle. Pas trace pourtant des dizaines de milliers de véhicules commandés en grande pompe en 2018. La seule ville où son service est ouvert rester Phoenix, en Arizona.
Partenariats avec des constructeurs
John Krafcik, un ancien cadre dirigeant de l'industrie automobile, a pris la tête du projet de véhicule autonome de Google en septembre 2015. Le CEO de Google, Larry Page, pensait alors que la technologie était prête pour la commercialisation. C'est ce qui a motivé ce recrutement afin d'industrialiser la technologie, rappelle Ars Technica. Néanmoins, si John Krafcik a fait beaucoup durant sa présidence, il n'a pas su répondre à ces attentes puisque la technologie, aussi avancée soit-elle, n'est en réalité pas encore au point.
L'homme fraîchement nommé a entrepris des négociations avec les constructeurs automobiles. Il a acheté une centaine de monospaces Pacifica auprès de Fiat Chrysler Automobiles (FCA). Un accord ensuite élargi à 500 monospaces, puis à "des milliers". Début 2018, Waymo annonce étoffer de nouveau sa flotte grâce à un accord lui permettant de commander jusqu'à 20 000 I-Pace 100% électrique de la marque anglaise de luxe Jaguar Land Rover. Le but étant d'équiper ces véhicules de sa plateforme de conduite autonome au cours des deux prochaines années.
John Krafcik a aussi noué des partenariats avec Volvo Cars, Daimler Trucks ou encore Renault-Nissan. Au-delà des voitures autonomes, la filiale a décidé de se tourner vers la logistique et le transport de marchandises avec son entité Waymo Via. Sous sa présidence, rappelle John Krafcik, la plateforme de conduite autonome Waymo Driver a parcouru des dizaines de millions de kilomètres sur route ouverte à travers 25 Etats américains et plus de 20 milliards de kilomètres lors de simulations.
Premiers déploiements commerciaux
Waymo a lancé son service de robot taxi Waymo One à Phoenix, dans l'Arizona, en décembre 2018 avec des opérateurs de sécurité à bord des véhicules. D'abord réservé à quelques "early riders" – des employés de Google ou leurs proches – ce service a ensuite été ouvert au grand public en octobre 2020. Les opérateurs de sécurité étant progressivement retirés à partir d'octobre 2019. Un second service de robot taxi devrait prochainement être déployé dans les rues de San Francisco, où Waymo One est actuellement testé avec quelques volontaires qui travaillent pour la société.
En parallèle, John Krafcik a cherché d'autres débouchés commerciaux à Waymo Driver. La filiale d'Alphabet a testé sa plateforme de conduite autonome sur des camions, notamment au Texas et au Nouveau-Mexique. Il faut dire que le transport routier connaît un véritable boom économique aux Etats-Unis. La demande est forte, notamment dans ces états, et le manque de chauffeurs est grandissant. Par ailleurs, le déploiement d'une technologie de conduite autonome qui serait utilisée sur des voies rapides et des autoroutes semble plus simple qu'un service de robot taxi déployé dans des centres urbains.
Une R&D coûteuse et pas de gains financiers
Contrairement à d'autres industriels (comme Tesla ou Intel Mobileye), qui ont choisi de déployer progressivement ces technologies en commercialisant dans un premier temps des systèmes avancés d'aide à la conduite, Waymo s'est exclusivement concentré exclusivement sur le déploiement de véhicules autonomes. Mais le lancement de son service, qu'il disait pourtant déjà proche il y a des années, a pris beaucoup plus de temps que prévu. En parallèle, la R&D est restée extrêmement coûteuse. A tel point que Waymo a récemment levé 3,25 milliards de dollars auprès d'investisseurs extérieurs afin de poursuivre ses développements. Un signe montrant que Google s'impatiente ?
La flotte de Waymo est actuellement composée d'environ 600 véhicules autonomes, d'après une information de Google obtenue par Ars Technica, dont la plupart circulent du côté de Phoenix. Un chiffre bien loin des 82 000 véhicules commandés il y a trois ans. Waymo déploie-t-il son service graduellement pour des raisons de sécurité ? Les véhicules autonomes nécessitent-ils une supervision humaine à distance, rendant le service non rentable même sans opérateur de sécurité présent dans la voiture ? Est-ce le délai nécessaire pour que Waymo bâtisse l'infrastructure nécessaire pour supporter des milliers de véhicules répartis dans différentes villes ? Ou la technologie de conduite autonome n'est-elle pas encore suffisamment au point ?
A charge désormais aux nouveaux co-CEO, Tekedra Mowakana et Dmitri Dolgov, de bâtir l'infrastructure nécessaire (et de faire suffisamment avancer la technologie) pour supporter les déploiements commerciaux de leur système de conduite. Mais surtout de faire passer Waymo à l'étape supérieure en ouvrant plus de marchés et en générant des revenus.
Alors qu'il peine à déployer son service de robots taxis à grande échelle, Waymo change de... - L'Usine Digitale
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