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Tuesday, March 30, 2021

« Je cherche à manger dans les poubelles, alors le Covid ne me fait pas peur » : dans Paris sous couvre-feu, la survie passe avant le virus pour les sans-abri - Le Monde

La voiture de la Croix-Rouge roule au pas dans les rues du 7e arrondissement de Paris. Il est 20 h 30, il fait nuit noire. A l’intérieur du véhicule, Gwenaëlle, Grégory et Raphaël, trois bénévoles de l’association, scrutent les porches, les renfoncements, les Abribus, les tunnels à la recherche de sacs, de carton, ou de matelas qui leur indiqueraient la présence d’un sans-abri. En ces temps de confinement et de couvre-feu, où les rues se vident à 19 heures, ils ne sont pas difficiles à repérer, encore moins pour les bénévoles qui connaissent leurs habitudes.

Patrick vit dans la rue depuis douze ans.

Patrick, la soixantaine, sans domicile depuis douze ans, est à sa place habituelle, devant la porte close d’une banque du boulevard Raspail, assis au milieu de ses sacs. Il n’a pas mangé ce soir, et il n’est pas contre un café chaud. « Ce n’est pas trop dur pour toi, avec les nouvelles mesures de confinement ? », lui demande Grégory. « Ça va, on est un peu seul le soir, mais ils [la police] n’embêtent pas les gens qui vivent dehors », répond Patrick. Il commente aussi d’un laconique « c’est chiant » la fermeture des bars et des restaurants qui le prive de lieux où il avait l’habitude de rencontrer des gens, et d’un accès aux sanitaires. Puis il change rapidement de sujet pour évoquer ses pieds, qui le font souffrir des suites d’une blessure et qu’il voudrait soigner pour pouvoir marcher sans ressentir de douleur.

L’équipe de la Croix-Rouge discute avec Patrick, qui vit dans la rue depuis 2009, lors d’une maraude dans le 7e arrondissement de Paris, le 24 mars.

Un kilomètre plus loin, affairé à ranger son installation avant de se coucher, « J-P », qui a établi sa « cabane » depuis 2012 sous les Invalides, hausse aussi les épaules quand on lui parle de la pandémie et des mesures de confinement.

« Ça ne change pas grand-chose pour moi. De toute façon je vis dehors, alors si j’ai envie de me promener à 3 heures du matin, je le fais. Je risque quoi ? »

« Le Covid-19 ne les inquiète plus, comme lors du premier confinement », remarque Gwenaëlle Rémi, bénévole et chef d’équipe de la maraude mercredi soir. Ceux qu’elle rencontre et qui vivent dans la rue – presque tous des hommes – ont toujours les mêmes priorités : trouver de quoi se nourrir, se vêtir, un endroit où dormir, où se laver. Eviter d’attraper le Covid-19 ne fait pas forcément partie des urgences.

« Nous savons que les sans-abri sont plus à risque »

Pas même pour Roberto, 53 ans, qui vit au milieu de matériel de chantier aux Invalides. Son diabète fait de sa vie « un enfer », il souffre d’obésité, et il se sait fragile. « Chaque hiver je fais de grosses bronchites », précise cet homme sans domicile depuis plusieurs années. « Mais je m’en fous du Covid », lâche-t-il, amer, à l’évocation des policiers qui lui ont fait remarquer qu’il ne portait pas de masque.

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